Faut-il réduire les calories que l’on consomme pour maintenir un poids santé? Alors qu’on tente d’encourager la population à faire des choix alimentaires éclairés, la préoccupation excessive à l’égard du poids ne fait que croitre et renforcer la problématique. En Ontario, l’affichage des calories est obligatoire dans les grandes chaines de restaurants depuis le 1er janvier 2017. Au Québec, des modifications sont apportées à l’étiquetage des aliments : on prévoit notamment mettre davantage d’emphase sur le nombre de calories affichées sur les étiquettes des produits alimentaires. L’industrie suit la tendance et crée des aliments légers, faibles en calories, pour séduire les consommateurs. On semble mettre l’accent sur les calories, mais est-ce réellement le nœud du problème ? Selon l’OMS, « l’obésité n’est pas simplement le résultat d’une gourmandise excessive ou d’une absence d’activité physique ».
Quand le contrôle mène à l’obsession
Perçues comme les ennemis de la perte de poids, les calories ont mauvaise presse. En mettant l’emphase sur celles-ci, on envoie le message que l’on doit les contrôler, voire même les calculer pour éviter de trop en consommer. On apprend à manger avec notre tête plutôt que d’être à l’écoute des signaux que notre corps nous envoie. Que se passe-t-il si on dépasse le nombre de calories allouées pour la journée ? Et si un collègue qui vous invite à sortir diner restaurant alors que ce n’était pas prévu ? Compter les calories peut entrainer un sentiment de culpabilité si l’on déroge des règles qu’on s’était fixées. Un tel contrôle peut entrainer des comportements alimentaires non souhaitables pour compenser les écarts de conduite comme la restriction alimentaire, la pratique excessive d’activité physique ou même l’utilisation de produits de santé et moyens amaigrissants. Ce n’est certainement pas le reflet d’une saine relation avec la nourriture et de tels comportements renforcent l’obsession par rapport à l’alimentation et au poids. Pour certains, ça sera même le début d’un trouble alimentaire.
Les calories, c’est de l’énergie
Les calories sont une mesure d’énergie utilisée pour assurer le bon fonctionnement de notre corps, nourrir nos muscles, si gourmands, nous permettre de bouger et même digérer les aliments. C’est ce qui nous fait avancer, un peu comme l’essence permet de faire avancer la voiture. Et si on utilisait de l’eau plutôt que de l’essence ? Évidemment, la voiture ne pourrait démarrer. De la même façon, en tentant de restreindre les calories ingérées, on impose à notre corps une quantité d’énergie limitée. Celui-ci devra donc s’adapter et tenter de fonctionner avec moins. Évidemment, une telle adaptation peut avoir un impact important sur notre niveau d’énergie, sur notre humeur, et même amener une prise de poids à long terme. Pour en savoir davantage sur l’impact de la restriction calorique, je vous suggère mon article Pourquoi les régimes ne fonctionnent-ils pas ?
Un gage de santé ?
Alors, faut-il calculer les calories ou non? Les calories sont-elles réellement le reflet de la qualité de notre alimentation ? Au contraire, le contenu en calories des aliments ne permet pas de faire des choix éclairés. En effet, le nombre de calories ne nous renseigne pas sur la nature des aliments, encore moins sur la qualité de ceux-ci. Par exemple, une tranche de pain blanc contient moins de calories qu’une tranche de pain de blé entier. Pourtant, le pain de blé est plus nutritif, car il contient davantage de vitamines et minéraux, de protéines, de fibres alimentaires et moins de sucres ajoutés que la version la moins calorique. En effet, certaines informations mentionnées sur le tableau de la valeur nutritive méritent davantage notre attention que la quantité de calories.
Bien que l’intention derrière l’affichage des calories puisse être bonne, l’efficacité d’une telle mesure n’est pas clairement démontrée. En tentant de contrôler les calories qu’on consomme, on ne fait que renforcer la préoccupation excessive par rapport au poids et à l’alimentation qui pourrait entrainer le développement de troubles de conduite alimentaire. Et si, plutôt que d’afficher le contenu en calories, on investissait nos énergies en améliorant la disponibilité et l’accessibilité à des aliments frais et peu transformés ? Et si, plutôt que de miser sur le contrôle et la restriction, on misait sur la découverte et le plaisir de bien manger ?
Merci de vous positionner sur le # de calories pour remettre les choses en perspective. Bon exemple du pain blanc vs blé entier.
Merci Claire! C’est tellement libérateur d’arrêter de tout calculer.